Durant tout le mois de novembre, le ministère de la Santé et de la Prévention et Santé publique France encourage les fumeurs français à arrêter de fumer. L’opération Mois Sans Tabac est l’occasion de franchir le pas. En tant que pharmaciens nous mettons à disposition de ceux qui ont décidé de se lancer, des outils d’aide à l’arrêt du tabac : kits, brochures, fiches de suivi… Outre les substituts nicotiniques, la micronutrition offre la possibilité de vous accompagner efficacement et naturellement pour arrêter de fumer.

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Arrêter de fumer, c’est bien mais ce n’est pas évident.

L’arrêt d’une substance addictive peut être à l’origine de manifestations physiques et psychiques caractéristiques du syndrome de sevrage :

PULSIONS, IRRITABILITE, NERVOSITE, AGITATION, ANXIETE, SOMMEIL PERTURBE, HUMEU DEPRESSIVE, TROUBLE DE LA CONCENTRATION, BOULIMIE, CONSTIPATION…

Heureusement, toutes ces manifestations peuvent être largement atténuées grâce à une micronutrition spécifique.

 

Pourquoi sommes-nous accros à la cigarette ?

Le tabac engendre 3 types de dépendances ce qui rend son arrêt d’autant plus difficile.

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Les mécanismes moléculaires de la dépendance 

Tous produits qui déclenchent de la dépendance chez l’homme, comme l’amphétamine, la cocaïne, la morphine, l’héroïne, la nicotine et l’alcool, augmentent la libération de dopamine dans une zone spécifique du cerveau. Ce neurotransmetteur est à l’origine de la motivation, de la sensation de plaisir et de désir.

Deux autres voies de signalisation sont impliquées dans les mécanismes de dépendance. Elles mettent en jeu les réseaux noradrénergiques et sérotoninergiques. Ces deux réseaux sont liés et se contrôlent mutuellement. Les neurones noradrénergiques et sérotoninergiques s’activent ou se limitent mutuellement en fonction des stimuli externes. Ainsi, les modulations engendrées par la sérotonine (calme, prise de recul, induction et maintien du sommeil, diminution de l’anxiété, réduction des compulsions, mémorisation, réduction du rythme cardiaque…) atténuent les réactions de vigilance, d’alerte et d’insomnie du circuit noradrénergique.

Or, les prises répétées de drogues provoquent un découplage des neurones noradrénergiques et sérotoninergiques. Concrètement, cela se traduit par une augmentation du désir avec perte de contrôle.

La nicotine seule n’entraine pas ce découplage caractéristique de l’addiction. Elle ne fait qu’augmenter les taux de dopamine. En revanche, quand on lui associe des IMAO ou des substances qui ont la même action, il y a par contre découplage et donc addiction. Les IMAO pour Inhibiteurs de la Monoamine Oxydase font partie des antidépresseurs. Ils inhibent l’enzyme qui entraîne l’inactivation des neurotransmetteurs de la classe des monoamines : noradrénaline, dopamine et sérotonine. Ils augmentent le taux de ces 3 neurotransmetteurs. Malheureusement, l’augmentation artificielle du taux de sérotonine a pour conséquence de désensibiliser un de ses récepteurs. Ce dernier annule l’action d’une protection naturelle que possèdent les neurones sérotoninergiques vis-à-vis de la nicotine. En l’absence de cette protection, les neurones sérotoninergiques sont suractivés et se découplent.

dependance-nicotine-pharmacie-villelongue-salanqueQue se passe-t-il lorsqu’on arrête le tabac ?

Lors d’un arrêt brutal du tabac, on assiste à un effondrement des taux de sérotonine et dopamine. L’effet de manque se fait alors sentir et il se manifeste par des réactions parfois très violentes. Le principe du sevrage tabagique consiste à apporter au corps les neurotransmetteurs dont il a besoin afin d’assurer une transition plus sereine vers l’arrêt total du tabagisme.

 

La motivation : point de départ dans toute démarche de sevrage

Pour arrêter de fumer, il faut avoir une grande motivation. Une prise de conscience des méfaits du tabac et des bienfaits que son arrêt apportent est bien souvent le point de départ. Au bout de :

  • 20 minutes : la tension artérielle et le rythme cardiaque redeviennent normaux
  • 8 heures : le taux de monoxyde de carbone dans le sang est divisé par 2. Ce gaz issu de la combustion favorise le stress oxydatif et les spasmes artériels (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, artérites…)
  • Entre 24 et 72 heures : le monoxyde de carbone a totalement disparu. Les cellules sont oxygénées normalement et le risque d’infarctus du myocarde est très diminué. La nicotine est éliminée entraine une amélioration du goût et de l’odorat
  • Entre 2 semaines et 9 mois : les signes respiratoires diminuent : moins de « toux du fumeur » et amélioration du souffle. Les terminaisons gustatives et les cils bronchiques repoussent
  • A un 1 an : le risque d’AVC est équivalent à celui d’une personne n’ayant jamais fumé. Le risque d’infarctus du myocarde est diminué de moitié
  • A 5 ans : le risque de cancer du poumon est divisé presque par 2. Et le risque d’infarctus du myocarde équivaut à celui des non-fumeurs
  • A 10 ans : le risque de cancer de la bouche, de l’œsophage et de la vessie est proche de celui des non-fumeurs

L’ESPERENCE DE VIE DEVIENT IDENTIQUE A CELLES DES PERSONNES N’AYANT JAMAIS FUME !

 

Stratégie micronutritionnelle

Miser sur les neurotransmetteurs

La première étape est d’évaluer un éventuel déficit fonctionnel en neurotransmetteurs et d’en satisfaire les besoins via une supplémentation en précurseurs et en cofacteurs. Les neurotransmetteurs sont des substances chimiques qui permettent la communication entre les neurones. Les informations transmises assurent une variété de fonctions au sein de notre système nerveux et cérébral.

  • La dopamine active le circuit de la récompense et du plaisir, induisant ainsi une sensation de satisfaction.
  • La sérotonine est en relation avec le besoin de fumer quand elle fait défaut au cours de certaines situations : un stress mal géré, de l’anxiété…

Leur synthèse dépend de la présence de précurseurs, d’acides aminés précisément : le tryptophane pour la sérotonine et la phénylalanine et la tyrosine pour la dopamine. Des cofacteurs sont également nécessaires à leur synthèse : fer, magnésium, cuivre, zinc et vitamines du groupe B.

Par ailleurs, le magnésium est un acteur-clef dans la stabilisation de l’humeur et du stress.

 

Les Oméga-3

Les Oméga-3 (dont le DHA) participent à la souplesse des membranes neuronales, permettant ainsi une meilleure communication entre les neurones.

 

L’assiette-type sevrage tabagique

L’alimentation est la meilleure source d’apport en précurseurs et cofacteurs des neurotransmetteurs, à condition qu’elle soit diversifiée et la plus naturelle possible.

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Bien sûr, lors de l’arrêt du tabac, toute alimentation industrielle riche en sucres doit être diminuée autant que possible. Le sucre possède en effet un pouvoir addictif non négligeable. De plus, une prise de poids peut survenir sous l’effet de pulsions sucrées. Ce gain de poids fait grandement parti des causes d’échec du sevrage tabagique. Il faut savoir que l’arrêt du tabac induit une réduction du métabolisme de base et donc une réduction du brulage des calories. Aussi, une activité physique de type endurance d’intensité modérée permet une diminution de l’anxiété et des symptômes de manque et réduit significativement la prise de poids.