L’intestin contient plus de 200 millions de neurones qui lui permettent d’assurer son fonctionnement. Or, 80% de ces cellules nerveuses sont afférentes. C’est à dire qu’elles transmettent l’information de l’intestin au cerveau. Et c’est la raison pour laquelle on qualifie l’intestin de deuxième cerveau. Une modification de la composition qualitative et quantitative du microbiote se répercute automatiquement sur l’information transmise au système nerveux central. Ainsi, de nombreuses études évoquent un lien possible entre dysbiose intestinale et apparition de certaines pathologies psychiatriques.

L’autisme

Il s’agit d’un trouble du développement neurologique caractérisé, d’une part, par des difficultés dans les interactions sociales et la communication et, d’autre part, par des comportements et intérêts à caractère restreint et répétitif. Par ailleurs, l’autisme s’accompagne très souvent de troubles digestifs.

Etat du microbiote chez ces patients

Plusieurs expériences cliniques ont montré une amélioration significative des symptômes autistiques sous traitement antibiotique. Si la corrélation semblait improbable il y a quelques années, elle est depuis considérée avec plus de sérieux. C’est pourquoi, des chercheurs ont commencé à s’intéresser à la composition du microbiote intestinal chez les patients autistes.

Ils ont pu constater que des enfants souffrant d’autisme avaient 10 fois plus de bactéries de type Clostridium, et au contraire une diminution du type Firmicutes et Bifidobacterium.

Une augmentation de la perméabilité intestinale a également été décrite dans l’autisme ainsi qu’une élévation des taux sanguins de lipopolysaccharides (grosses molécules présentes à la surface de certaines bactéries) et d’interleukines 6 pro-inflammatoires. Certaines études ont aussi retrouvé une perméabilité intestinale chez les apparentés de premier degré des enfants autistes. Ces constats suggèrent que ces changements seraient impliqués dans la genèse du trouble.

Des expérimentations animales

Des travaux menés sur des souris en laboratoire ont montré qu’elles pouvaient développer un comportement d’anxiété pouvant aller à l’automutilation si la composition de leur microbiote était significativement modifiée à un moment bien précis de leur croissance. Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’un phénomène similaire survenant dans l’enfance pouvait ainsi favoriser le développement de l’autisme.

Les maladies neurodégénératives : Alzheimer et Parkinson

Là aussi des études ont montré que le microbiote pouvait avoir un rôle déterminant dans le développement de certaines maladies neurodégénératives : Alzheimer, Parkinson et sclérose latérale amyotrophique.

Le point commun entre toutes ces pathologies est la mort de neurones associée à une accumulation de protéines anormales dites « amyloïdes ». Elles envahissent les neurones, se propagent entre les différentes régions cérébrales et même entre différents organes. Elles sont à l’origine d’une inflammation cérébrale marquée et donc de la mort neuronale.

On s’est aperçu que ces protéines provenaient des bactéries de la flore intestinale. Dans le cas de la maladie de Parkinson, elles sont produites par des Entérobactéries (E. coli). Autre constat tout aussi remarquable : elles sont déjà présentes dans les neurones des intestins des patients, parfois 20 ans avant que leur maladie ne soit diagnostiquée ! Et effectivement, si l’on étudie leur flore, elle est particulièrement riche en Entérobactéries.

La schizophrénie et les troubles bipolaires
Des corrélations cliniques et statistiques

Depuis une quinzaine d’années, des études s’accumulent pour montrer que des perturbations dans la flore intestinale sont un facteur de risque dans la genèse de la schizophrénie. Elles ont montré d’ailleurs que le risque de survenue de la maladie était 10 à 20 fois supérieur en cas d’infection prénatale. Tout comme pour l’autisme, la schizophrénie est très souvent associée à des troubles digestifs.

Composition du microbiote chez des patients schizophrènes

Chez eux, le microbiote intestinal s’avère moins riche et moins diversifié par rapport à des individus sains. On retrouve une prédominance de 23 espèces (sur les 77 identifiées) et, à l’inverse, une sous-représentation des 54 autres restantes. De plus, on constate un taux de cytokines pro-inflammatoires nettement plus important.

Vers des solutions ?

Les perspectives thérapeutiques sont nombreuses. Des études préliminaires ont montré que l’administration de certains probiotiques permettait d’améliorer les symptômes d’anxiété ou de dépression.

D’autres ont mis en évidence que l’adaptation du régime alimentaire pouvait améliorer le déclin cognitif.

Enfin, la transplantation fécale, thérapie indiquée uniquement dans des pathologies digestives à aujourd’hui, constitue une approche prometteuse chez les patients schizophrènes avec troubles dépressifs.

INSERM, institut national de la santé et de la recherche médicale https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/microbiote-intestinal-flore-intestinale